Le minimalisme à son apogée

« Let’s get a quiet moment together ». C’est ainsi que débutait le concert de Sylvain Chauveau à Kings Place, au sein du festival Minimalism. Une bien curieuse façon d’introduire un concert, mais la meilleure façon de présenter ce qui est, en fait, une expérience. On ne vient pas « voir » cet artiste, mais plutôt se laisser emmener dans un voyage où parfois les yeux se ferment pour mieux entrer dans son univers.

Vous l’aurez compris, les chansons ne respectent pas le code classique du couplet/refrain. L’artiste est aussi compositeur de musique de films, ce qui explique peut-être la façon dont se déroulent les notes comme pour conter une histoire. Mais surtout, ce qui marque, c’est le silence. Sylvain Chauveau se déplace sur scène à pas feutrés, ritualise ses gestes et manipule les instruments avec la délicatesse et la précision d’un orfèvre.

L’artiste recherche le son pur, et joue de la répétition jusqu’à l’épuisement de ce son. Il mixe acoustique et électronique, détourne les instruments, en joue d’autres peu conventionnels ou recycle un vieux jouet pour transformer sa voix. Voix qu’il utilise peu mais qui apporte sporadiquement ses notes graves et sensuelles.

Finalement, un concert de Sylvain Chauveau, c’est quoi selon le principal intéressé ?

Comment décrivez-vous votre musique ?

J’aime me qualifier de crooner expérimental. Ca veut dire que ma musique est clairement issue du courant de la musique expérimentale (cf le livre de Michael Nyman « Experimental Music« ), mais que j’aime y ajouter une touche pop et chanter par-dessus (et que j’aime les voix de crooners avec un beau vibrato).

A quoi peut t’on s’attendre lorsque l’on va à l’un de vos concerts ?

A passer un moment très calme, où une forme de silence a parfois sa place, quelque chose de presque méditatif.

Que représente le minimalisme pour vous ?

Ce sont les racines de ce que je fais depuis 15 ans. Le minimalisme est un art du détail. D’habitude le détail ne se remarque pas trop et on focalise l’attention sur l’ensemble. Mais quand tout est dépouillé à l’extrême, le moindre détail prend une importance colossale et on n’as pas le droit à l’erreur là-dessus. Comme faire un point bleu au milieu d’une toile toute blanche : il faut que ce soit parfait, sinon c’est l’échec total. Mais la perfection n’est pas de ce monde : il faut accepter une petite part d’approximation, c’est humain.

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