Toit de Paris : un morceau de la capitale chez soi

(Temps de lecture : 4 minutes)

Emporter un petit bout de l’âme de Paris chez vous, ça vous dit ? Constance Fichet-Schulz l’a fait ! J’ai rencontré la fondatrice du Toit de Paris, pour en savoir plus sur ce projet poétique.

C’est quoi le Toit de Paris ?

Le Toit de Paris, c’est l’idée d’un objet de décoration qui serait un peu de l’âme et de l’histoire de Paris à chérir chez soi. Et c’est aussi une façon de découvrir Paris sous un autre angle.

Pour les Parisiens, l’adresse a du sens. Nous sommes tous attachés à un arrondissement en particulier, parce qu’on y a fait ses études, une rencontre… L’idée c’est de pouvoir s’offrir un petit bout du 10e, du 4e… On a imaginé FRAGMENT, un morceau de toit de Paris que nous avons sérigraphié pour indiquer la provenance de la feuille, afin que vous sachiez sur quel toit nous sommes allés le récupérer. Nous ajoutons également un plan de Paris pour situer votre fragment. Comme ça, un peu à la manière d’un archéologue, tu peux aller à la rencontre du toit et trouver d’où vient ce petit bout. Le prix est vraiment au plus juste, parce que Paris appartient à chacun.

Si tu prends un touriste qui visite Paris et qui veut revenir avec un petit bout de la capitale dans ses valises. On a créé pour lui EMPREINTE, un objet qui porte en lui l’empreinte d’une technique traditionnelle des couvreurs utilisés sur les toits de Paris, celle de la couverture à tasseau.

Et le prochain objet en préparation, CAPTURE, utilisera des copeaux de zinc, selon une technique qui est en train de disparaître. Ce qui signifie que vous aurez peut-être entre vos mains les derniers copeaux des toits de Paris !

Paris et ses toits, une évidence pour toi ?

Quand j’étais plus jeune, mes parents m’ont apporté un petit morceau du mur de Berlin, qui pour moi est un morceau d’histoire palpable. Quand on pense à Paris, on pense au gris…celui du zinc. Les toits en zinc sont une partie du patrimoine de la capitale. C’est au début du 19e siècle que Paris se revêt de ses toits emblématiques. Cela remonte au temps où Napoléon a lancé les grands travaux haussmanniens. Les toits étaient en zinc parce que c’est une matière économique, malléable, avec une toiture moins pointue pour plus de surface habitable. C’est d’ailleurs là le début des chambres de bonnes !

Ça c’est pour la graine, mais comment a germé l’idée ?

En 2019, j’ai lancé la Fabrique de Génies. L’idée est de mettre en valeur le travail des artisans. On propose à un particulier de s’initier à un métier d’art à Paris. Tu t’inities par exemple pendant deux heures à la maroquinerie, et tu repars avec un petit objet que tu as fabriqué, comme un portefeuille. J’ai rencontré des talents extraordinaires et des métiers passionnants.

Je devais penser à un petit objet à fabriquer pour chaque atelier. Un objet fort qui devait aussi être accessible à des néophytes. Parfois nous avions des idées non réalisables en atelier, que je notais alors dans un petit carnet parce que les objets étaient si beaux que je voulais en garder une trace. Un jour, j’ai fait la rencontre d’une doreuse, Aurore, qui m’a ainsi montré des plans réalisés à la feuille d’or. J’ai trouvé ça formidable ! Mon mari étant passionné d’histoire, et notamment celle de Paris, j’ai naturellement pensé à réaliser un plan de la capitale en or. Mais alors quel objet pourrait héberger ce plan ? Il fallait trouver un objet avec une âme, une histoire.

Il se trouve que j’habite au cinquième étage d’un hôtel haussmannien en face d’un autre du même acabit. Un jour, je pose mon regard au loin, sur le toit qui scintille, qui me fait de l’œil. J’avais mon support. C’était en 2020…

Donc là ça y est, tu as ton idée, mais ce n’est que le début de l’aventure

C’est sûr que 2020 n’a pas été une année comme les autres. J‘ai eu la chance de rencontrer une personne clef juste avant le confinement pour réfléchir au projet.C’est Rémi Riccoboni, qui a une entreprise de couverture. Sa sensibilité artistique profonde et sa passion ont vraiment permis de démarrer le projet. Il a accepté de prêter des feuilles de zinc et d’aider à la partie découpage, pliage, sérigraphie etc. Pendant le confinement, j’ai fait les dessins, les prototypes et les recherches. Ma mère est graphiste, c’est elle qui dessine les plans de Paris, l’adresse et l’année, qui sont sérigraphiés sur le zinc. En été, on a fait les premiers tests, suivi d’un premier prototype en septembre. Et en octobre, j’ai lancé une campagne de Crowdfunding sur Hulu et les gens ont vraiment adhéré au projet.

Tu récupères où ces bouts de toit ?

C’est grâce à une vraie collaboration. Les entreprises du patrimoine vivant s’occupent de la couverture des toits. Quand elles enlèvent les vieilles feuilles de zinc, elles partent en circuit de recyclage. Nous, on leur achète ces feuilles-là et on les transforme en objet d’art. Et ça c’est vraiment nouveau !

Comment passe-t-on d’un bout de zinc recyclé à une œuvre d’art ?

Déjà on récupère la feuille, on la découpe, la ponce, la nettoie. Puis on sérigraphie le graphisme des plans de Paris. Grâce à des feuilles de soie, on dépose la peinture exactement sur la feuille de zinc. C’est assez nouveau de le faire sur du zinc, alors on on savait pas ce que ça allait donner. Ce qui est super, c’est qu’on a jamais le même morceau, c’est vraiment un objet unique. Au début on a commencé par récupérer des feuilles du 15e et du 10e arrondissement. Mais elles étaient très abimées, donc la sérigraphie de la feuille l’était aussi. Tu peux regarder la vidéo pour voir le processus :

 

Quels sont tes prochains projets ?

Le savoir-faire des couvreurs zingueurs des toits parisiens candidate pour être reconnu au patrimoine mondial de l’UNESCO. Donc c’est vraiment un moment passionnant. On suit les chantiers en cours. Ça tombe bien, parce qu’il y a en fait beaucoup de chantiers de restauration des toits en zinc ! Et à terme, on a l’ambition de travailler sur les monuments nationaux. Après Paris, pourquoi pas Versailles ? 😉

Prêt à emporter un petit bout de Paris ? Rendez-vous sur le site.

* Photo de couverture de Raphaël Metivet, les autres photos sont de Constance Fichet-Schulz.

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