Visite privée des Catacombes de Paris

(Temps de lecture : 4 minutes)

C’est parti pour deux heures dans les bas-fonds de Paris, à vingt mètres sous la surface, dans un dédale de tunnels sombres. Mais pas question de se perdre puisque nous suivons le parcours de Marc, notre guide particulier de My Private Paris. Âmes sensibles s’abstenir.

Dans les entrailles de Paris

Pour la petite histoire, les Catacombes ont été créées à la fin du XVIIIe siècle dans des anciennes carrières souterraines de gypse, utilisées pour créer le fameux « plâtre de Paris ». À l’époque, les cimetières, situés en plein cœur de la capitale, sont complètement insalubres. La situation s’empire jusqu’à ce terrible événement au cours duquel le mur d’une cave adjacente au cimetière des Innocents cède sous la pression des milliers de cadavres contenus dans une fosse commune. C’est la goutte d’eau qui pousse le Roi à enfin prendre une décision (plutôt originale) : les ossements trouveront dans les anciennes carrières de Paris leur nouvelle demeure.

Une esthétique de la mort

Les Catacombes sont une véritable ville sous la ville, comme l’avait dit Victor Hugo. Chaque emplacement est ainsi signalé par une plaque gravée indiquant la provenance et la date du transfert. Ce qui frappe, c’est l’attention avec lequel les ossements ont été disposés dans des sortes de sculptures romantiques. D’ailleurs, le travail était si minutieux que tous les éléments tiennent entre eux sans colle ou enduit. Gare à ne pas toucher à quoi que ce soit. Le côté insolite et l’esthétique dite « romantico-macabre » des lieux a attiré une foule de visiteurs presque dès les débuts. Aujourd’hui, c’est la plus grande nécropole visitée au monde ! Notre guide nous rapporte qu’en 1897, un concert clandestin s’y est même déroulé. De nos jours, il arrive encore que des cataphiles (oui, oui, ça existe) visitent clandestinement les lieux. Il y aurait plus de six millions de dépouilles dans les Catacombes et on peut y trouver des personnalités célèbres, de Nicolas Flamel aux grands noms de la Révolution française. D’ailleurs, notre guide nous explique que « même au sein des Catacombes, après la Révolution, les fleurs de lys qui sont le symbole de la royauté ont été effacées. »

Des trésors cachés

On entre dans l’ossuaire à travers une porte ornée d’un avertissement : « Arrête ! C’est ici l’empire de la mort.» Marc nous rapporte que cela fait référence à la mythologie romaine. c’est une phrase prononcée par Charon, qui guide la barque sur le Styx menant aux Enfers. Cela plante le décor… Un peu plus loin, on découvre les sculptures de Port-Mahon. Elles sont réalisées par l’un des ouvriers des Catacombes, sculpteur à ses heures : Décure, de son surnom Beauséjour. Il y passera de nombreux heures pour peaufiner son œuvre. Il y mourra aussi, victime d’un effondrement. Peu loin, on retrouve le bain de pieds des carriers, un petit puits contenant une nappe d’eau cristalline. C’est là que les ouvriers se lavaient après leur travail. À proximité de la sortie de l’ossuaire, on trouve une vaste salle entièrement ceinte d’ossements, dite « crypte de la Passion » ou « rotonde des tibias». Ce serait là que s’est tenu le concert secret. La salle est dotée d’une sculpture d’ossements en forme de tonneau, exclusivement constituée de tibias, d’où le nom.

On referme cet article avec l’une des dernières phrases avec lesquelles vous allez quitter les Catacombes : « Si vous avez vu quelque fois mourir un homme, considérez toujours que le même sort vous attend. » C’est cadeau 🙂

+ Musique : Phoebe Bridgers – Smoke Signals +

Bon à savoir

Rendez-vous place Denfert-Rochereau. Il y a quand même 130 marches descendantes et 83 montantes donc il faut être en forme, et la température des Catacombes est de 14 degrés toute l’année. La visite dure au moins 45 minutes, et l’espace est évidemment confiné donc mieux vaut ne pas être claustrophobe. En revanche, il n’y a que 200 visiteurs simultanément ce qui évite les bousculades. 

Pour réserver sa visite privée en petit comité, et si vous avez des amis non francophones de passage, rendez-vous sur My Private Paris. Vous pourrez passer devant tout le monde (cela évite en moyenne 2 à 3 heures de file d’attente quand même) en empruntant votre propre entrée. Vous pourrez aussi accéder aux zones restreintes, dans des salles comme la chapelle du Crâne ou le musée souterrain des maçons, fermés au grand public.

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