La nouvelle exposition de la célèbre galerie Gagosian de Londres réunit pour la première fois les oeuvres de Alberto Giacometti et de Yves Klein.
A première vue, bien difficile de faire le rapprochement entre les deux artistes, qui ne faisaient pas partie du même cercle artistique et ne se côtoyaient pas, bien que vivant dans le même quartier parisien. Le commissaire d’exposition Joachim Pissarro a pourtant pris le parti de les réunir pour montrer « qu’ils partageaient la même conscience aiguë des effets catastrophiques de la seconde guerre mondiale et ses répercussions sur la culture européenne. » Ils l’exprimaient chacun à leurs manières. Dans ses sculptures, Alberto Giacometti cherchait à réduire le plus possible le volume du sujet pour en extraire la force vitale tandis que Yves Klein voulait dématérialiser la peinture jusqu’à ce qu’elle atteigne l’état de couleur pure.
Les oeuvres longilignes de Alberto Giacometti répondent aux couleurs saturées des anthropométries de Klein dans la majestueuse galerie londonienne. Des oeuvres parmi les plus connues des deux artistes se disputent l’espace comme L’Homme qui marche ou Le Nez du sculpteur, et les monochromes ou anthropométries de l’époque bleue du peintre. Ces dernières sont composées des marques, sur une toile blanche, de corps féminins nus recouverts de peinture bleue. Pour Yves Klein, ces empreintes constituent la forme d’expression la plus concentrée de l’énergie vitale.
Le titre de l’exposition vient d’un essai de l’existentialiste Jean-Paul Sartre qui écrivit sur son ami Alberto Giacometti: « Telle est, je crois, l’espèce de révolution copernicienne que Giacometti a tenté d’introduire dans la sculpture. Avant lui on croyait sculpter de l’être et cet absolu s’effondrait en une infinité d’apparences. Il a choisi de sculpter l’apparence située et il s’est révélé que par elle on atteignait à l’absolu. »
À découvrir absolument (sans mauvais jeu de mot) du 27 avril au 11 juin 2016
20 Grosvenor Hill
W1K 3QD Londres
Entrée gratuite