Quand Richard rencontre Andy

Andy Warhol l’icône du pop-art, Richard Avedon le roi de l’image, ce mois-ci et jusque fin avril, ces deux maîtres du 20e siècle sont réunis pour la première fois au sein d’une exposition majeure.

Pas étonnant de confronter deux artistes qui ont partagé la même période de l’histoire américaine d’après-guerre, mais aussi une même vision artistique basée sur la répétition et la mise en série. Richard Avedon à travers ses photographies et notamment celles de groupe, où il colle et assemble méticuleusement ses images. Andy Warhol et sa fameuse méthode de sérigraphies qui reproduit une image à l’infini. Les impressions argentées d’Avedon d’un côté et les sérigraphies colorées d’Andy de l’autre représentent souvent les mêmes visages populaires tels que ceux de Marilyn Monroe, Rudolf Noureev ou encore de Jackie Kennedy.

Un autre point commun de ces deux grandes figures de l’art contemporain est leur origine modeste, suivie dans le milieu des années 40 de leur incroyable succès commercial lorsqu’ils travaillent pour de grands magazines new-yorkais. Les années 60 marquent leur tournant artistique alors qu’ils s’éloignent des productions purement commerciales. Dans cette exposition on trouve des pièces allant de 1950 à 1990, qui exaltent des thèmes comme le pouvoir politique et social, l’acceptation grandissante des différences culturelles, la mortalité ou encore le glamour et le désespoir de la célébrité.

 

Chaque pièce de la galerie met en relation des œuvres qui traitent du même thème en commençant par The Family (1976), un portait ambitieux et conceptuel de Richard Avedon de 69 personnes à l’épicentre de la politique américaine de l’époque. Le monumental portait du révolutionnaire Mao Zedong par Warhol, Mao (1972), y répond. Dans les deux cas, on trouve peu d’émotion ou même d’expression dans ceux qui prennent la pose. Cette inexpressivité caractéristique, marque de l’ambivalence du pop art, est souvent associée au travail de Warhol mais tout autant applicable à celui d’Avedon.

Les deux artistes ont toujours recherché des individus à la marge mais aussi totalement intégrés à la société. Pour Avedon, cela se traduit par une fresque plus grande que nature, Andy Warhol and members of The Factory (1969), qui représente le cœur de la sous-culture new-yorkaise et incarne la révolution culturelle et sexuelle. Dans le même temps, Warhol immortalise la beauté des drag queens, dans ses sérigraphies Ladies and Gentlemen (1975).

La troisième partie de la galerie est une réflexion plus poussée sur la face sombre de l’existence humaine et de son salut éventuel: les peintures Skull and Guns de Warhol répondent  aux photographies de la porte de Brandebourg prises durant la chute du mur de Berlin en 1989.

Last but not least, la célébrité est un thème qui fut exploré et exploité par les deux artistes. Avedon et ses images iconiques de Brigitte Bardot (1959) ou Audrey Hepburn (1967); Warhol et ses superstars dramatiquement depictées, comme dans Double Elvis (1963) et Four Marilyns (Reversal Series) (1986). Conscients du potentiel de leurs œuvres pour changer les mentalités, mus par des muses modernes et cosmopolites, Avedon et Warhol ont utilisé le pouvoir des images pour refléter les révolutions sociales.

« They always say that time changes things, but you actually have to change them yourselves. », disait Warhol, alors qu’attendez-vous? Courez à l’exposition jusqu’au 23 avril 2016.

Gagosian Gallery. Britannia Street, Londres. Ouverture: du mardi au samedi de 10h-6h. Entrée libre.

 

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