L’exposition à ne pas rater, c’est sans contexte celle de l’Institut Louis Vuitton intitulée « Icônes Modernes ». Gauguin, Matisse, Picasso.. tous les grands noms sont réunis sur les quelques étages de l’exposition.
Une figure effacée
Végétarien, petit, bègue mais très bavard, voici Chtchoukine, peint à grands traits. Ce riche russe, qui a fait fortune dans le textile, développa son sens artistique et sa recherche de la beauté dans les tissus avant de devenir collectionneur. Pour lui la peinture la plus intéressante était celle française. Il n’a donc eu de cesse de soutenir les artistes français modernes. D’abord Cézanne, puis Matisse et enfin Picasso. La collection de Chtchoukine fut le premier musée d’art moderne du monde, car il ouvrit les portes de sa maison. Il changea ainsi le cours des artistes russe de l’époque et aura une influence immense sur l’avant-garde russe, comme Kandinksy. Après la révolution, sa collection fut nationalisée et son nom tomba dans l’anonymat. Il a fallu un grand travail de recherche pour le sortir de l’oubli. Pourtant la collection hébergée dans le bijou architectural de la Fondation est indissociable de la personnalité du collectionneur.
Le parcours pictural d’une vie L’exposition est magistralement pensée et suit chronologiquement le travail du collectionneur. Il tombe d’abord sur Gauguin et en achète plusieurs œuvres. Puis il découvre Matisse. Contre les idées bourgeoises de l’époque en Russie, et en contradiction avec ses propres doutes, il décide d’exposer les nus de Matisse dans le couloir principal de sa demeure. Il dira à ce propos: « il fallait du courage pour les peindre mais aussi pour les exposer ». Il est ensuite introduit à l’œuvre de Picasso et plus particulièrement ‘La femme à l’éventail’. Cette toile est en dissonance avec toute sa collection. Il dit du tableau: « J’avais l’impression de manger du verre pilé mais je le regardais de plus en plus. Ce tableau avait une force vitale. Je ne pouvais plus vivre sans Picasso. Picasso m’a hypnotisé, envoûté. » Il en acquerra cinquante œuvres.
Une scénographie fidèle à sa vision
Pour la première fois la collection est réunie en un lieu selon les volontés de Chtchoukine. Elle reflète fidèlement la façon dont il a choisi et exposé les œuvres. Ainsi une des salles est recréée à l’identique d’une des pièces de sa demeure. Pour certains tableaux de Picasso, des statues africaines accompagnent les œuvres, comme le collectionneur l’avait fait pour expliquer l’époque africaine de l’artiste. Finalement, deux heures de visite, c’est bien peu au vu du foisonnement des œuvres. On aurait presque envie de revenir voir quelques œuvres sans être au pas de course. Cela tombe bien, l’exposition est ouverte jusqu’au 5 mars.
Fondation Louis Vuitton, 8 Avenue du Mahatma Gandhi, 75116 Paris, France
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