Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse. Pas cette fois, puisque nos papilles se laissent émerveiller par le champagne. Rien de mieux pour cela qu’une visite de caves, que la région champenoise possède par centaines. Laissez-vous guider par la musique de Yuksek, qui remixe ALB alias Clément Daquin, deux prodiges rémois.
Six pieds sous terre
Louise Pommery, en vrai femme d’affaires, mène la maison du même nom après le décès de son mari et la transforme en vraie institution. Descendez les 116 marches (attention, il faudra aussi les remonter) pour rejoindre le labyrinthe de caves, sur les traces des visites d’autrefois, à la bougie et en habits de crinoline. À l’époque, il fallait porter un masque car le vin très sucré pouvait à tout moment faire exploser le verre. En 1868, comme plus personne ne s’intéresse à la Crayère Notre-Dame, c’est-à-dire les carrières Gallo-Romaines creusées pour bâtir la ville de Reims, Madame a l’idée de les utiliser pour en faire des caves. Elle commande au sculpteur Gustave Navlet plusieurs bas-reliefs gravés dans la craie. Ces œuvres représentant des bacchanales en choquent plus d’un et, gravées à la bougie, finissent par priver l’artiste de la vue.
Signature du champagne
Il faut trois cépages pour l’élaboration du champagne : du chardonnay, du pinot noir et du pinot meunier. Les vendanges se déroulent cent jours après la première floraison vers juin. Le temps de maturation minimum et la cueillette à la main font partie des spécificités qui permettent à ce vin pétillant d’obtenir l’appellation champagne. La prise de mousse par méthode traditionnelle représente la naissance du champagne en tant que tel.
Un petit goût british
Au temps de Madame Pommery, le champagne était très sucré et se buvait lors du dessert. Mais la clientèle anglaise désirait un champagne plus sec. En 1874, la maison Pommery, en diminuant le taux de sucre, crée alors le premier brut. Elle a bien fait, puisque les bruts représentent entre 80 % et 85 % de la production de champagne. Le domaine, qui détonne avec son pur style néo-élisabéthain rappelle aussi l’influence anglaise. C’est finalement à Londres que l’on retrouve Pommery ce mois-ci, comme sponsor de Champagne Life, la première exposition exclusivement dédiée à des artistes féminines de la Saatchi Gallery. Ça tombe bien, notre prochain article portera sur les vernissages d’expositions de la galerie d’art.